---

Un portait de famille était affiché dans le couloir du château des Feuardent. Une petite fillette aux cheveux blonds regardait ce tableau avec un grand intérêt. C'était sa famille. Ce château était sa maison. Pourtant, elle s'y sentait enfermée. Elle regardait à droite. Le couloir était vide... Elle regardait à gauche. L'envie de pleurer la submergeait constatant qu'elle était bien seule. Elle respira en ravalant son trop-plein d'émotion. C'était comme vivre en étant un fantôme. La froideur de sa mère la berçait dans un monde d'hypocrisie et de bonne prestance. La présence de son père était invisible et intouchable à ses yeux. Il était plus occupé à diriger un pays qu'à être présent en tant que père pour elle. Sa grande sœur était la seule chose qui la rendait heureuse dans cette maison. Son sourire était d'une douceur mielleuse. Sa présence émerveillait la pièce de couleur et de joie de vivre. Son regard pouvait tout lui dire sans prononcer le moindre mot. Il n’y avait rien à dire. C'était la seule personne qu'elle aimait sincèrement. Son éducation fût stricte ne lui laissant très peu de temps avec cette personne qu'elle vénérait tel un soleil. On lui disait sans cesse : une princesse devait bien se tenir, avoir une tenue irréprochable et être aimable à tout moment. On lui avait mis un masque dès son plus jeune âge. On l'avait emprisonnée dans cette vie sans qu'on lui demande son avis. Avec son visage d'ange et ses manières, Mazarine avait réussi à satisfaire ses parents. C’était grâce à ça qu’elle pouvait avoir ce qu’elle voulait. Malheureusement, ceux-ci avaient, par la même occasion, cultivé sa colère et son sentiment d'isolement. Ses pouvoirs se manifestèrent durant une de ses crises de colère légendaire dans le château. Les rideaux avaient pris feu durant un repas familial. Le sujet de sa colère fut le départ de sa sœur à Beauxbâton. Elle disparaissait en la laissant avec des morts-vivants trop souciant de l'avis des autres. Elle n'était pas prête à la voir partir... Quelques temps plus tard, une personne venait de rentrer dans sa vie quand elle avait l'impression d'étouffer dans ce monde d'hypocrisie. C'était Bénédicte de Morangiès. C'était sa meilleure amie. Elle lui permettait de respirer et de vivre à nouveau. C'était elle qui lui apprit la signification de l'amitié. Grâce à elle, elle rencontra son premier amour qui n'était nulle autre que son frère jumeau. Collée toujours à elle, Maze put s'épanouir en se faisant d'autres amis. Le monde semblait moins cruel quand elle était là. Ses crises de colère se calmèrent. Béné' était la seule à pouvoir lire en elle comme un livre ouvert. La princesse lui vouait une loyauté sans faille.

Vous comprenez maintenant dans quel cadre cette pauvre enfant s’était vu grandir. Elle devait survivre dans un monde où symboliquement elle n’était rien. Si elle savait pour la liaison de sa mère ? La réponse était oui. Quand vous voyez, votre mère embrassait une autre personne secrètement que votre père. Vous sentez qu’il y a une couille dans le potage. Sa vie n’avait été qu’un tissu de mensonges. Durant une séance de lecture dans la bibliothèque, solitaire avec son livre, son père fit son entrée. Mazarine s’était levée pour lui faire une révérence digne de ce nom : «  Père ? » demanda-t-elle en se redressant avant de s’assoir en même temps que son père avec son accord. « Mazarine. Il faut qu’on parle. Je ne serais pas toujours là pour te protéger. Je pense que tu l’auras compris que ce monde est rempli de requins aristocrates ou politiciens. » Commença-t-il pendant qu’elle le regardait avec un regard soupçonneux. Que lui voulait-il ? « J’ai demandé à ton oncle de s’occuper de toi. Tu vas apprendre de la magie sans baguette. C’est quelque chose de mal vu et associé à de la magie noire. Cependant, cela te permettra de devenir une grande duelliste et de pouvoir survivre dans ce monde de fou. C’est l’unique chose que je peux te donner. » Finit-il en la regardant avec un regard qu’elle n’avait jamais compris. Est-ce que c’était de la douceur mélangée à de l’amour. Elle avait acquiescé. « Je ferais ce que vous voudrez Père, vous serez fière de moi. » Lui répondit-elle avec détermination. Son père croyait en elle. Il voulait qu’elle vive. Sa vie avait de l’importance alors…  

Ce fut un grand moment d'entrée dans la prestigieuse école de sorcellerie française. Marchant derrière les pas de sa sœur qui avait fini sa scolarité, elle foulait ses pieds dans ce lieu à son tour. La famille De Feuardent avait une réputation à tenir. Mazarine faisait tout pour briller en société. L'école lui offrit une liberté qu'elle appréciait à chaque instant. Les vacances étaient synonymes de calvaires remplis de devoirs familiaux et scolaires. La princesse n'avait que de répit à l'école. Ses parents étaient fiers de sa « répartition » - uniquement sur le peu qu’elle leur racontait et le retour des professeurs - et de ses brillantes notes. Il ne pouvait pas lui demander plus. Sa curiosité la poussait à s'émerveiller d'aventures qui en tant normale était impossible. Populaire et petite reine, elle s'était créé un clan d’ami. Elle cachait les apparences, une habitude qui lui collait à la peau. Personne n'avait envie de connaître son mal-être et d'entendre ses problèmes. L'école fût une occasion de tisser des liens et de nouvelles amitiés. Mazarine avait tout de même sa réputation à l'école : "Je crois qu'elle est pourrie de l'intérieur.", "Tu as entendu qu'elle avait visité des orphelins durant les vacances ?", "Moi, je la trouve fausse.", "C'est vraiment un rayon de soleil.", "Tu as entendu parler quand elle a vu rouge hier ?", "Elle est trop belle. J'aimerais trop lui ressembler"... Maintenant, elle comprenait son père... Comment pouvait-elle satisfaire ces personnes ? Pourquoi cherchait-elle leur approbation ? Elle ne les connaissait même pas. Les rumeurs étaient pourtant importantes. Elle devait donner une meilleure image d'elle. Si son père en entendait parler... Heureusement, ce ne fut pas le cas. Elle devint plus manipulatrice. Elle devait être le loup qui mange le pauvre agneau. La fin des études fût pour Mazarine un aller simple à la potence. La seule consolation était ses amis et son espoir qu'un jour Basile l'aimera en retour s’accrochant à ce seul geste d’affection qui lui avait donné : une caresse sur sa joue. S'accrochant désespérément à un espoir, c'était avec ça qu'elle avançait.

La présence de Bénédicte avait toujours été d'un réconfort titanesque. La princesse ne put pas faire comme tout le monde est avoir un métier. C'était un visage royal. Sa mère lui avait rappelé à l'ordre de faire ses occupations de princesses avec la « grâce » et la « bonne humeur ». Ne lâchant pas son faux masque, elle reprit son devoir. Tout semblait s'être installé comme une routine désespérante. Le sort tragique ne la laissa pas de marbre : la mort de sa meilleure amie. Elle avait sombré plus profondément dans sa douce folie. Le monde semblait terne. La douleur la rendait furieuse. La colère était un sentiment qui la manipulait. Son catalyseur n'était plus. Sa stabilité vacillait. Basile était simplement devenu son objectif. Il avait mis fin à ses fiançailles avec Marianne. Elle avait une chance. Elle pouvait le conquérir. Peut-être qu'elle pouvait devenir sa femme ? Mazarine estimait qu'elle avait le droit au bonheur. Elle avait le droit d'être aimée par la seule personne qui comptait réellement à ses yeux. Son angoisse la manipulait quand elle vit Marianne se rapprocher à nouveau de lui. Le cauchemar n'allait pas recommencer. La sorcière ne le supporterait pas. Elle croisa un jour celle-ci dans la rue. Sa colère et sa peur de perdre à jamais Basile la firent perdre le contrôle. Ayant le don de magie sans baguette, elle se souvint de ces mots comme si c'était hier : "Marianne. J'en ai marre de toi ! J'en ai marre que tout le monde te préfère à moi ! Tu n'es pas parfaite. Je veux que tu partes ! Très loin ! Tu te trouveras un autre mari qui sera te rendre docile !" La colère parlait. Son envie d'éliminer son ennemi n'avait jamais été si grande. Sa colère n'avait fait que grossir. Sa vision la rendait folle furieuse. C’était bizarre. Quelques jours plus tard, elle entendit parler de son départ. Mazarine se rendit compte de son geste et du sortilège qu’elle lui avait lancé… La fatigue l’ayant submergé durant plusieurs jours… Pourtant… Il était hors de question de la faire revenir. La sorcière se sentait enfin en sécurité et pouvait se rapprocher de Basile.

Son premier amour loin de lui, c’était maintenant ou jamais pour avoir Basile. Mazarine s’était rapprochée doucement et sûrement. C’était agréable de pouvoir parler de sa peine et de le comprendre. Il pouvait tout lui dire et il le savait. La jeune femme avait tout fait pour qu’il se sente bien. C’était naturel. Douce et à son écoute, c’était ce qu’elle faisait. Ne jouant pas avec lui, elle n’arrivait pas à lui montrer son vrai visage… Une femme fragile qui avait peur chaque jour de perdre la raison. Basile voyait une femme forte, audacieuse et qui n’avait peur de rien. Les citoyens voyaient une princesse douce et gentille avec un sourire à couper le souffle. La première fois qu’elle put dormir avec son amour de toujours, son doux Basile, elle se sentit apaisée d’être dans ses bras. Tenant sa chemise entre ses doigts, elle avait l’impression que ce bonheur ne serait jamais éternel. Il lui parla un jour des problèmes d’argent de sa famille. Il se confiait à elle. La jeune femme lui proposa un mariage. Ce n’était pas comme dans les contes pour enfants. Mazarine avait pris son destin en main en lui donnant son aide pour sa famille et de faire en sorte de réhonorer leur ancienne gloire. C’était une femme amoureuse qui était prête à tout. Il accepta pour son plus grand bonheur. Quelques semaines plus tard… Ce fût un drame hors du commun. Son père agissait bizarrement ces derniers temps. Il semblait devenir de plus en plus renfermé. Son regard était tel un animal qui cherchait une échappatoire. Cela était inquiétant. Elle le sentait au fond d’elle que ça allait mal tourner. Il y eut une grande réunion. Une annonce. Elle était arrivée à la dernière pour voir son père, de loin, s’immoler par le feu. Elle ne l’oublierait jamais : cette vision d’horreur, l’odeur de la peau qui brûlait, les victimes qu’il entrainait avec lui, les cris qui était transperçant… Le chaos de cette nuit était gravé en elle. La nuit, elle dormait mal. Basile repoussait le mariage à chaque fois de plus en plus loin. Il venait de perdre à nouveau un être cher. Elle restait forte à ses yeux. Elle le devait. Sa seule envie était simplement de se mettre en boule dans un coin pour pleurer et crisser. Sa sœur n’avait pas le temps de la voir. Il fallait régler le scandale et montrer que la famille De Feuardent était toujours forte et présente. Tout était qu’une question d’image. Son fiancé semblait distant. Puis, elle entendit parler du retour de Marianne. Au fond d’elle, elle le savait. Elle allait le récupérer… Si son père n’était pas mort, elle serait mariée avec lui à l’heure qu’il est… Une fissure grandissait. La raison s’en allait petit à petit. Il allait l’abandonner. Elle se voyait déjà seule dans le noir... Loin de tout le monde… De toute façon… Qui pouvait réellement l’aimer ? Mazarine pouvait y répondre elle-même… Personne.