Baby you're a rattlesnake, you know the way I feel, Feel you crawling up my back, you've got no love to steal, You know I've got my eyes on you, You're petrified, gonna stick like glue
L’épiderme se décolle des muscles et des nerfs, séparés par un courant électrique qui paralyse presque celle qui plonge l’ambre de ses orbes dans la banquise de l’inconnu. Ses yeux. Il tend une main qu’elle joint à la sienne par réflexe musculaire plus que par conscience du réel. Qui est-il ? Si la réponse l’indifférait au moment où sa venue lui avait été annoncé, il en était tout autre à présent. Totalement autre. Qui est-il ? Comme un écho insupportable que la voix de son père vient, sans s'annoncer, briser, comme il brise toujours ce qui peut être ou avoir été. Elle revient. Sans un mot en retour à celui qui fait marque de ses hommages, elle offre son regard à son père qui lui présente alors le convive qui sera présent à leur modeste table ce soir. Modeste. Il précise non sans un grincement d’orgueil. L'échine toujours a du mal à se plier tant elle a souffert par le passé. La fillette crocodile évite de poser à nouveau son regard sur celui du serpent qui suit sa mère quand elle l’invite à prendre place. Elle ne veut plus jamais poser son regard sur lui. Monstre. Son père lui tend un bras auquel elle s’amarre comme si la chose eut été naturel alors qu’elle pouvait compter sur les doigts d’une main les fois où elle avait eu un contact avec l’homme qui lui avait léguer son nom et tout ce qui allait avec. Les assiettes et les verres se remplissent et se vident avec la lenteur de ceux qui se délectent de ce qui leur est proposé. Mets et société. Ce soir sa mère a placé plus d’efforts que pour toutes autres occasions et si elle ne serait s'en plaindre, la muse d’outre-tombe se demande si l’unique raison à cet effort est bien le nom de leur invité de marque ou si son père a d’autres desseins car, tout ce qui est fait par l’un des membres de la famille Kama, est fait pour le satisfaire et pour nulle autre raison. Curieux. Les couverts se posent dans la porcelaine sortie pour plaire à celui qui, il fallait s’en douter, avait l’habitude de bien plus de faste encore. Perséphone retenait son sourire devant le pathétique de cet effort futile, qui avait dû mettre sa mère dans tous ses états pendant la journée entière, si ce n’est plus. Pour autant, ce qui laissait, entre autres choses, bien plus perplexe la cadette de la tablé, qui voyait les incohérences s’accumulées autour d’elle, sans qu’elle ne se sente jamais pour autant directement visée, Idiote, c’était la raison pour laquelle sa mère ne lui en avait pas touché un mot. Elle adorait avoir la compagnie de Perséphone justement pour s’exalter sur des sujets, comme celui-ci, qu’elle était la seule à considérer et qu'elle savait pouvoir à son oreille débiter, sans que son auditoire ne vienne s’amuser à contredire ou couper la moindre de ses paroles... Vraiment curieux. Avalant lentement une gorgée du bordeaux les paupières délicatement se soulèvent, pensant pouvoir un instant observer l’étranger à sa table, mais sursaute presque en constant que celui-ci la fixe en retour. Ses yeux. Captive un instant. Figer dans la glace. Elle le maudit intérieurement. Sa main se resserre machinalement sur la coupe qu’elle repose en s’imaginant s’en servir pour y recueillir ses maudits glaçons qui la fixent. A nouveau les tremblements provoquer par le ténor de son père extirpe la puînée de l’ombre dans laquelle elle s’enveloppe toujours un peu plus. Ces mots. Ils viennent à elle et sont comme ce qu’il y a de plus… troublants. Ils ont sur elle les effets d’un mauvais sort. Elle sent ses oreilles se boucher, son cœur manquer un battement ou deux et sa tête ne plus trouver sens à la rotation de la Terre. Fiancés.
L’épiderme se décolle des muscles et des nerfs, séparés par un courant électrique qui paralyse presque celle qui plonge l’ambre de ses orbes dans la banquise de l’inconnu qui n’en est plus un. Ses yeux. A nouveau, il lève la main vers la sienne et à nouveau elle l’accueil par réflexe. Sa mâchoire crispée, se desserre lentement et c’est ainsi, non sans mal, qu’elle s’adresse à lui directement pour la première fois, pour le saluer. Son regard ne cesse de la suivre et c’est comme il examinait tout d’elle. Devinait tout d’elle. Chaque seconde ce qui est sous son épiderme redouble d’intensité et ses pensées, elles aussi, doublent les maux qu’elle lui souhaite. On s’en vient ôter la fourrure de ses épaules et son dos nu se dévoile à ceux qui partagent un instant le vestibule aux murs dorés. Si l’en est déjà ainsi avant même qu’ils n’aient atteint la salle de réception, elle craignait déjà le pire sur les nausées que cette dernière lui inspirerait. Sa main gantée posée sur la sienne ils s’avancent non sans que leur regard ne se croisent en biais. Tout autre. Son père aurait pu lui choisir n’importe qui d’autre… Sa poitrine gonfle sous l’inspiration qui lui vient quand ils passent l’arche les menant à la salle déjà pleine de convives. C’est ici leur première apparition en public. Les bans ont déjà été publiés. Pour autant tous semblent si surpris… c’est si attendu de leur part, c’en est lassant. Elle ferme les yeux une seconde de trop à cette pensée, avant de se ressaisir et d’adresser un délicat sourire à celui qui bientôt se trouvera à ses côtés devant l’autel sacré. Si aucun incident comprenant son fiancé n’arrive d’ici là. Les temps sont si imprévisibles. La musique s’élève à travers la salle sous l’effet des enchantements distillés pour ceux qui malgré les vagues de murmures ne parviennent à la recouvrir. Les écailles doivent ici comme ailleurs se voiler derrière la poudre de la normalité. La saurienne doit être avec le reptile ce qu’elle est avec le reste du monde ; une poupée de velours qui ne serait s’élever, celle dont on n’attend rien, si ce n’est ce qu’on attend de chacune des membres de sa gente. Le fléau à l’intérieur la tire pour se faire connaitre, mais elle sera le faire taire quelques heures. Les heures plus sombres se préservent pour des auditoires discrets qui veulent y goûter. Plus tard oui. Ils viendront là-bas et elle sera là pour jouer la partition qu’ils veulent vraiment entendre. Celle des enfants sombres.
Perséphone parle en #BC8F8F
CODAGE PAR AMATIS AVATARS PAR VOCIVUS & BABINE.
✧ Re: le serpent et le crocodile (GALAAD) ✧
par Galaad Le Fay, le Lun 27 Jan - 20:44
une soif de pouvoir & de chaos
Galaad Le Fay
union of the snake
I could easily forgive his pride, if he had not mortified mine.
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Tu le pressens dans son regard, ta fin proviendra de sa main. Tu voulus en faire la clé de ton succès, le joyau de ta couronne dorée – elle pourrait tout aussi bien revendiquer ta tête au bout d’une cordelette. Quand tu l’aperçus pour la première fois, tu entrevis la foudre traverser son être. Prise au piège, trahie par sa propre chair – elle avait l’air mortifère derrière son sourire protocolaire. Tu ne lui jetas la pierre, artisan de sa colère. Tu détiens sa vie entre tes mains, scellée par un mariage prématuré – que pourrais-tu lui reprocher ? De ne pas t’aimer d’un amour sincère et véritable ? Allons donc, tu n’es plus un enfant. Tu connais aujourd’hui la supercherie, on ne t’y reprendra plus.
Perséphone est prisonnière de ton enfer – celui d’un homme amer. Tu lui promis confort et sécurité, car ces deux promesses se quantifient. Les sentiments ne valent rien, ils sont bien trop incertains. En revanche, elle jouira de ta bienveillance – malgré tout, tu tiens à ta repentance. Le pardon n’entre pas dans ses obligations, pour le moment elle réserve son jugement. Son rôle s’étiole à peine quand ta main saisit la sienne, elle tient de la même école. Vos sourires dissimulent votre orgueil – à celui qui le perdra en premier. Car ici-bas, personne ne vous épargnera.
Deux loups cachés sous un masque de fer en proie aux préjugés d’une société inhospitalière – un combat qui s’annonçait légendaire. Regardez-les avec leur air scandalisé, comme si cette alliance n’avait pas lieu d’être. Les héritiers oubliaient trop vite leurs propres péchés, au point de se faire prêtres. Faites ce que je dis mais sûrement pas ce que je fais, tu connais le refrain. Ta condescendance surpasse n’importe quelle convenance, tu ne ploieras l’échine face à leurs outrances. A l’évidence, tous se retrouvent muselés par la bienséance, ils te poignarderont une fois le dos tourné. En attendant, tu l’exposes avec une immensurable fierté. Qu’ils te jalousent, qu’ils te méprisent, tu n’accordes aucun crédit à leur bêtise. Tu sais ce que tu dois faire et pourquoi tu le fais. Tes objectifs dépassent leur entendement, ils ne sont là que pour attester de ton apogée. Ces dames complimentent une jeune fiancée, tandis que ces messieurs vantent une nouvelle acquisition. Les félicitations fusent, les présentations s’essoufflent, et l’ennui te guette. Tu t’éloignes de ta « promise », étouffé par cette attention débordante. Mais tu reviendras dans un instant tel un aimant – il ne faudrait paraître négligent.
« — Vous pouvez toujours feindre un malaise. Nous serions plus vite débarrassés de leur compagnie. »
Tu lui tends une coupe, muni de ton rictus amusé. Inutile de mentir, cette situation t’harasse – elle doit découvrir assez tôt ton penchant pour l’hypocrisie. Malgré son air poli, tu sens l’impatience la gagner. Tu sais reconnaître les gens de ta trempe, des années d’expérience te précèdent. Tu prends peut-être son opinion à la légère en te montrant aussi détaché, mais il s’agit là d’un mal nécessaire. Bientôt, vous partagerez bien plus qu’une simple conversation.