Chez les De Morangiès on ne naît pas riche, certaines peuvent le devenir en se mariant avec un bon parti mais rien n’est moins sûr. De mon côté je ne regrette absolument pas d’avoir fait un mariage d’amour. Qui sait, le luxe et la richesse m’aurait peut-être changé ? Toulouse avait plus d’argent que je n’en avais jamais eu mais cela n’avait rien changé à mes habitudes. Économe, inventive et débrouillarde j’étais armée pour affronter toutes les situations. Quoiqu’il en soit et surtout qu’importe l’argent que j’avais sur moi j’avais bel et bien l’intention de trouver un cadeau de mariage à Balzac, mon cousin, et Pimprenelle, sa future épouse. Je n’achetais jamais n’importe quoi, jamais le premier objet qui me tombait sous la main. Je suis ce genre de personne qui tente, par tous les moyens mis à sa disposition, de faire plaisir. Toucher la personne qui recevra le cadeau et pour cela nulle besoin d’avoir une bourse bien remplie. Non, il fallait du cœur, de la patience et parfois une petite dose de chance. Mais s’il y avait bien une chose que j’avais apprise c’est que la chance on pouvait parfaitement se la créer. Par exemple, si, bien informée vous savez que la future mariée passe son après-midi loin de la boutique familiale avec une amie, vous pouvez à loisir vous rendre dans l’endroit qu’elle fréquente le plus depuis sa naissance pour en savoir davantage sur elle. Le cabinet de curiosité de Méphistophélès n’était pas la boutique dans laquelle vous flâner le nez en l’air, non plus sombre et je dois bien l’avouer, plus inquiétante aussi j’avais poussé la porte de la boutique non sans une pointe de crainte au fond de l’estomac. Je suis très curieuse, il est vrai, mais si la magie noire en elle-même m’intéressait beaucoup je n’en avais jamais usé ou eu en ma possession quelques objets y étant reliés. Je prenais une profonde inspiration avant de poser ma main sur la poignée de la porte pour entrer. Après un « bonjour » poli lancé à la cantonade je refermais soigneusement celle-ci derrière moi. Il ne fallait rien casser, rien abîmer, n’importe quel objet pouvait coûter à lui seul la moitié de mon salaire au cri de la grenouille ou plus. Nous allions bientôt avoir deux bouches de plus à nourrir, je ne devais pas faire de dépenses inutiles. Pourtant je ne pouvais faire autrement que de laisser parler mon naturel et surtout nourrir ma curiosité en observant attentivement chaque pièce. Objets particuliers, créatures magiques mythiques tout ici transpirait la magie. Les pas sont surs, mesurés, les gestes discrets mais le regard lui ne pouvait mentir, j’aimais ce que je découvrais. J’espérais néanmoins trouver quelqu’un en ces lieux qui puisse m’en dire davantage sur la future mariée. Si je connaissais le nom et le sang de Pimprenelle, les informations s’arrêtaient là. Marianne parlait parfois de son amie avec Basile mais ça… c’était avant. Avant que les fiançailles ne soient rompus et que tout dans nos vies ne s’enchaine à une vitesse vertigineuse. C’est pour lui épargner ces douloureux souvenirs que je n’avais pas simplement fait appel à elle. Nous travaillons ensemble et je n’avais aucune envie de remuer le couteau dans une plaie bien trop fraiche et bien trop profonde. Alors me voici déambulant dans les allées à la recherche d’une bonne idée ou qui sait d’une âme charitable pour me venir en aide.