L’automne à Paris il pleut, beaucoup, ce qui rend les rues non pavées glissantes et boueuses et par voie de conséquence ce qui rend mes bottes boueuses et glissantes. Heureusement c’est la fin de la journée et je n’ai plus qu’une course avant de retrouver la chaleur d’un foyer et une table que j’espérais bien garnie. L’homme que j’avais retrouvé dans le nord était dans un piètre état, l’alcool et vraisemblablement quelques poudres magiques avait eu raison de lui et j’avais eu bien du mal à le faire monter dans la calèche mais le propriétaire du petit restaurant m’avait presque envoyé le colis, ravi de s’en débarrassé et il avait atterri sur la banquette qui lui servait présentement de couchette. Je le couvrais vaguement d’une couverture et reprenais ma place devant. Le chemin vers Paris fut plutôt simple malgré quelques bourrasques de vent et une pluie toujours aussi battante. Mon chapeau et ma cape était enchanté et je n’avais pas froid. Arrivés devant chez lui dans une ruelle Parisienne je descendais pour le réveiller. En ouvrant la porte je découvrais qu’il était tombé au sol durant le trajet, ce qui n’avait pas eu l’air de le déranger outre mesure. Je levais les yeux au ciel avant de prendre mon courage à deux mains. Monsieur, vous voilà chez vous. Je le secouais davantage mais rien n’y fit. Je toussotais donc un léger aguamenti tout en pointant son visage de ma baguette. L’eau le fit émerger, il commençait à grogner. Je rangeais rapidement ma baguette. Oui il pleut encore beaucoup, courage vous êtes bientôt chez vous. Je l’aidais donc à descendre tant bien que mal mais il s’accrocha à la housse de vêtements qui pendait et il me repoussa vers l’avant tentant de reprendre une stabilité qu’il n’avait plus. Mon front rencontra la poignée de la porte non sans me blesser au passage mais je parvins tout de même à ne pas me retrouver le nez dans la boue. Après avoir payé et lorsqu’il fut assez stable pour rejoindre sa route je vérifiais les vêtements contenus dans la housse qu’il avait presque arraché. Sans surprise les tenues flambant neuves que j’avais récupérer ce midi étaient abimées et si j’avais de piètre gout pour mes tenues je savais parfaitement qu’un réparo se verrait et que ma mère ferait de moi des boulettes pour les sombrals si je reparaissais à la maison avec ces vêtements neufs et maintenant abimés. Je décidais rapidement de retrouver celui qui pourrait m’aider, même s’il était un peu tard j’étais certain de le retrouver dans sa boutique. Je reprenais donc ma route pour me rendre sur la place des Vosges au grand magasin Cornucopia. Une fois la calèche en lieu sûr et les deux abraxans recouverts je me dirigeais les bras chargés en courant vers l’arrière du magasin, côté coulisse, côté livraison ou j’avais plus de chance de pouvoir rentrer dans cet état. Si j’avais pleinement conscience de la boue sur mes bottes et de l’eau qui ruisselait sur mon chapeau et ma cape, j’ignorais en revanche que ma rencontre avec la poignée m’avait laissé une jolie trace qui saignait au niveau du front. Entre mélange de sang séché et eau le tableau ne devait en effet pas être des plus vendeur. Je parvenais néanmoins à me faufiler à l’intérieur jusqu’à ce que je sois arrêté par un sorcier plutôt… costaud que j’avais déjà eu l’occasion de croiser. Arborant mon plus beau sourire je lui demandais. Bonsoir, je viens voir Monsieur Pont-Mercy… Je rajoutais dans la précipitation FILS. Emile Pont Mercy. Parce que je n’avais clairement aucune envie de croiser son père ce soir. Vous vous souvenez de moi, Dabielle Hubert, nous sommes amis, il m’attend. Mensonge éhonté mais l’information passerait peut être un peu mieux. L’homme hésita quelques instants et me regarda sous toutes les coutures avant de daigner ouvrir la bouche. Attendez ici. Ne bougez pas. Il pointa mes bottes qui laissaient des traces sur un tapis épais et je me décalais donc en attendant qu’il revienne soit avec mon ami soit pour me sortir d’ici sans ménagement. En attendant je tentais de sécher au mieux ma cape et de retirer un peu la boue de mes bottes. Pas Vivianne, foutu pluie !