Les journées sont courtes, épuisantes mais terriblement grisantes. J’aimerai que le temps s’étire pour pouvoir profiter de mes journées et de mon mari pleinement, en vain. Les photos, les articles, les visites prénatales, ma famille, peu de temps en réalité pour m’extasier devant mon ventre qui n’a de cesse de prendre de l’espace et du poids. Je me traîne, c’est un fait, j’ai pris du poids et j’ai la douloureuse impression qu’il se concentre sur ma vessie tentant de me faire passer le plus clair de ma journée dans les cabinets d’aisance. Comment se reposer quand les êtres miniatures qui y grandissent n’ont de cesse de vouloir se battre entre eux avec mes organes et mon corps comme arbitre ? J’ai rejoint notre chambre et ai bien tenté de me caler correctement et j’ai attendu…  pas qu’ils se calment, je n’ai que peu d’espoir la dessus, mais c’est bien Toulouse que j’attendais. J’avais des choses à lui dire suite à mon rendez-vous avec le médicomage, des choses importantes et... surprenante. Et je savais aussi qu’il pouvait m’aider quant au combat de gladiateur qui se passait en moi, sa voix les apaisait plus que la mienne, ce qui je vous l’avoue sincèrement était un brin frustrant. Il m’avait promis de me rejoindre après la lecture de quelques parchemins. Mais le temps passait et j’étais toujours seule. Je me relevais et enfilais un peignoir que je ne pouvais plus fermer correctement sans laisser paraitre un morceau de mon ventre. Doucement je me dirigeais vers le bureau ou je découvrais Toulouse endormi sur son siège. La petite fille en moi avait envie de crier « bouh » et de rire mais j’avais bien remarqué la fatigue sur son visage aussi je me retenais de ce genre de bêtises. Je m’approchais et ramassais, non sans mal, les parchemins en silence. Il cherchait un nouveau toit pour notre famille sans savoir encore à quel point cela serait important dans l'avenir. Je déposais sur le bureau les papiers avant de poser doucement ma main sur son épaule puis mes lèvres dans le creux de son cou, chose qui était rare vu la différence de taille, le tout pour le réveiller tout en douceur. Tu t’angoisses beaucoup trop mon amour. Les problèmes d’argent me collaient à la peau sans que cela ne parvienne à m’atteindre totalement. Nous nous en sortirions toujours. Ma main caressa son visage fatigué alors que la seconde trouvait sa place légitime sur mon ventre. Un enfant passe neuf mois dans cet espace confiné, ils n’a pas besoin de grande chambre tout de suite. Un nouveau-né n’avait pas besoin de grands espace pour se sentir bien, deux non plus. Je me devais de le lui annoncer d’une façon ou d’une autre. Il nous reste un peu de temps et tu as besoin de te reposer, je secouerai les réseaux de Martin soucoupe demain si tu le souhaites. Après tout, m’occupant sous ce prête nom des petites annonces du cri de la grenouille il n’était pas rare que je sois en relation avec des propriétaires souhaitant vendre leurs biens. Je retirais les lunettes qu’il avait sur le bout du nez et les posais sur son bureau.  Tu sais j’ai quelque chose à te dire, j’ai vu mon médicomage cet après-midi. Je voyais bien son visage se fermer immédiatement, l’inquiétude se refléter dans ses pupilles. Rien de grave ne t’inquiète pas.  Non pas, grave, juste... enfin... Je ne pas vraiment comment te l’annoncer... S’i pouvait deviner cela m’arrangerait beaucoup mais notre vie de famille n’était pas un jeu. Je sais que tout est allé très vite après nos fiançailles, nous n’avons pas fait les choses à moitié.  Loin de là même. Après de longues années a jouer au chat et à la souris nous avions cédé l’un à l’autre avant de nous fiancé, de nous marié, de vivre ensemble et... Il y a deux enfants qui grandissent en moi. Deux.  Voilà c’était dit avec la délicatesse d’un dragon furieux mais c’était dit. C’était une bonne nouvelle non? Même si tout cela ne rendait l'urgence plus... urgente encore.