« Balzac, c'est sérieux ces histoires de fiançailles ? »
Comme trop souvent, il grattait à l'intérieur de ton esprit, cet animal qui sommeillait en toi. Murmurant à ton coeur des mots qui ne nourrissait que cette colère et cette rage que tu étais incapable de réprimer, mêlant la sienne et la tienne, simplement pour la rendre que trop ingérable depuis bien trop d'années. Le peu de contrôles que tu pouvais avoir n'étaient présents que pour t'empêcher de devenir l'animal assoiffé de sang que ton nom semblait te prédestiner à être. Tu vivais déjà de la mort, c'était ton fonds de commerce que de la faire venir dans ce monde. Idée idiote de jeunesse qui t'avait fait croire que ça aiderait à canaliser l'animal qu'était le loup.
La réalité était tout autre, vous, Chastel, vous n'étiez destiné qu'à être des prédateurs, des monstres aux yeux des autres. Monstre qu'on avait offert à une princesse, et de toute évidence ce n'était pas pour la récompenser. Bien conscient que tu étais un châtiment pour la demoiselle que tu avais acceptée d'épouser.
« On m'a dit que tu avais prévu d'épouser Pimprenelle. » Et pourtant ça n'apaisait en rien ton esprit, au contraire ça n'avait de cesse que faire venir que plus de rage dans ton esprit, plus d'aigreur dans ta voix, et beaucoup trop d'animosité dans ta voix. Beaucoup trop semblaient vouloir donner son avis sur le sujet. Comme s'ils avaient un quelconque droit, ou de contrôle sur la personne que tu étais. Toi-même, tu ne l'avais pas. Mais les entendre leurs commentaires à ce sujet n'avaient de cesse qu'irritée davantage la créature que tu étais. « Une princesse, pour un loup, rien que ça. Tu ne te refuses rien. »  C'était presque un bond, qui te tira de ta chaise, celle-ci se contentant de tomber en fracas sur le sol. Le regard sombre rivé sur ta cadette. Donnant un coup sec et énergique sur la table.

Pointant le doigt dans sa direction, tu avais la main qui tremblait d'une fièvre hostile à son égard. « Tu te prends pour qui exactement, pour débarquer telle une furie, et venir quoi, me faire une scène ? » Tu en grognais presque contre elle. Tu étais parfois incapable de discuter avec un autre être vivant, ou c'était simplement le manque de pratique qui te rendait inapte à le faire calmement. Ou alors n'étais-tu juste pas fait pour cet exercice. Tu n'avais connu que la douleur et le sang. Et quand ce n'était pas le bon jour, comme celui-ci, tu savais bonnement dire les bons mots pour ne faire qu'accroitre le frisson de crainte que tu provoquais chez les autres « La dernière fois que tu t'es permît de l'ouvrir, au sujet de quelqu'un, Papa en est mort. Tu veux vraiment me contrarier à nouveau . » Rire mauvais et forcé qui franchit tes lèvres. Restant pourtant à ta place derrière la table. Préférant garder cette distance entre elle et toi.
Tu usais simplement du seul argument qui aurait pu calmer l'ardeur dans le cours de ta soeur. C'était elle qui avait semé la zizanie au sein de foyers des Chastel. Comme Pandore qui avait ouvrit une boîte, elle était responsable, de par son acte de rébellion qui t'avait impliqué, de la situation actuelle de la famille. Celle qui t'avait poussé à la tête de cette lignée, place que tu n'avais pourtant jamais convoité mais te forçant d'une certaine manière à précipiter un mariage arrangé.
« La Pont-mercy était morte. Je n'ai rien choisit. Je me suis accommodé de ce qu'on me proposait. » Le sombre idiote, que tu avais pensé tellement fort raisonnait à la fin de ta phrase. TU n'avais en rien besoin de te justifier, mais tu ressentais en toi cette nécessité de remettre cette cadette bien trop fougueuse à sa place.

Balzacindianred