21 décembre 1903 - Mon enfant, j’écris ce journal pour toi, pour que tu comprennes ton histoire et la mienne. Sache tout d’abord que tu as été attendue et aimé avant même d’avoir vu le jour. Nous ne connaissons pas encore mais je te dois déjà des excuses. Je n’ai pas été à proprement parlé rejeté par ma famille pour avoir eu la naïveté et l’insouciance d’aimer un homme qui n’avait vraisemblablement pas les mêmes sentiments, mais ma famille est très pieuse et j’espère qu’ils seront t’aimé lorsque tu seras là. Paul, mon meilleur ami depuis toujours nous a accueilli toi et moi sans poser la moindre question, c’est mieux pour nous. Même s’il connait la vérité il ne me juge pas comme beaucoup le feront jusqu’au jour de ma mort. Ton père ne fera pas partie de ta vie, pas plus, je le pense que ses enfants. Il est marié et n’a pas l’intention de quitter celle qui lui a été donné pour épouse. Je ferai de mon mieux pour t’élever et t’offrir tout ce dont tu auras besoin. Je t’aime.
12 janvier 1904 – Tu bouges de plus en plus ce qui me surprend chaque jour. Paul est très attentionné envers nous, il me parle d’union avant ta naissance. Je sais que ses sentiments envers moi sont sincères mais qu’en est-il des miens ? Je l’ai toujours vu comme mon meilleur ami et je ne veux pas lui mentir et lui gâcher la vie. Ce choix me semble terriblement égoïste de ma part.
23 février 1904 – Paul à fait repeindre une chambre pour toi, les murs sont bleu ciel, quelques nuages passent de temps à autre ainsi que des abraxans et des sombrals qui semblent jouer avec les nuages. Le plafond est bleu nuit constellé d’étoiles dont certaine filantes te surprendront certainement. La pièce est magnifique. Il t’attend avec autant d’impatience que moi si ce n’est plus. Il a ce sourire béat en observant mon ventre bouger et je te l’avoue rien qu’à toi, j’ai l’impression que mon amitié se mue doucement en quelque chose de plus profond et de plus fort, je ne pensais pas ça possible et j’espère que ce n’est pas juste l’effet des hormones et la peur de t’élever seule.
15 mars 1904 – Je l’aime et j’ai accepté sa proposition. Il deviendra officiellement mon mari dans un mois jour pour jour. Nous allons aux yeux de la loi unir nos deux magies. Même si Dieu ne l’entend pas de cette oreille, tu ne seras jamais un pêché, une erreur de jeunesse. Tu auras un papa et une maman qui t’aimeront plus que tout. Tu es très attendue.
15 avril 1904 – Je suis à partir d’aujourd’hui Madame Célestine Hubert. Le mariage s’est bien déroulé, même ta grand-mère, très conservatrice est venu au banquet qui a suivi la petite cérémonie. Nous ferons front ensemble, en famille aux commentaires que tu ne tarderas pas d’entendre dès ta plus tendre enfance, pour cela et à jamais je m’en excuse mon enfant.
6 mai 1904 - Ta chambre est fin prête, meublée, et nous avons, je le pense, tout ce qu’il faut pour t’accueillir au mieux. Une de tes tantes a déjà réservé une préceptrice que tu partageras avec tes cousins, Jean et Arthur ont 2 ans et la petite Pauline est née il y a tout juste deux jours, je suis certaine que vous vous entendrez très bien. Paul est un tonton formidable, il sera un papa parfait. Je ne me déplace plus qu’en calèche depuis un peu plus d’un mois maintenant, tu n’aimes pas, du tout, le transplanage.
8 juin 1904 – Les contractions ont commencées, tu vas bientôt nous rejoindre.
10 juin 1904 – Tu es née à midi pile, ma fille. Ponctualité ou gourmandise, l’avenir nous le dira. Nous t’avons nommé Danielle Marie Hubert. Paul tient à ajouter dans mon journal que Junius est né aujourd’hui lui aussi, il sera ton pendant Abraxan.
25 décembre 1904 – C’est ton premier noël et tout le monde est réuni autour de toi, tu as été très gâtée. Je n’ai pas encore repris l’écriture de ce journal, tes premiers mois sont passés à une vitesse folle mais nous parvenons maintenant à trouver un certain équilibre.
3 mars 1905 – Tu es une petite fille très vive et nous avons enfin trouver la façon dont nous pouvons t’endormir, cela m’a effrayé je l’avoue la première fois que Paul est parti avec toi lovée contre lui à dos d’Abraxan mais le vol et les lumières d’une ville endormie t’aide à trouver un sommeil profond. Tes yeux sont clos et tu sembles sereine dès qu’il te repose dans ton berceau. Voilà un peu plus d’un mois que ton père te fait faire cette balade, je crois qu’il apprécie le moment autant que toi.
10 juin 1905 - Nous avons passé la plus belle année de notre vie, grâce à toi mon ange. Tu marches déjà et tu fais chavirer tous les cœurs sur ton passage. Je ne suis sans doute pas la femme la plus objective mais tu embelli notre vie.
11 mai 1906 – Émilie vient rejoindre la famille, tu es très proche de tes cousins, vous grandissez au milieu de cette foret magnifique entouré de créatures que tu attires comme un aimant. Je ne pouvais rêver mieux pour toi.
2 février 1908 – Tu es un petit démon ! Tu passes ton temps à te cacher dans les calèches pour voler le plus possible et nous ne savons jamais où tu es. Le mois prochain la préceptrice à accepter de te prendre un peu à l’avance pour canaliser ton énergie.
21 juillet 1908 - Tu as ramené un serpent dans la salle d’étude, les cris de votre préceptrice ont résonné dans toute la maison. Malgré ta bouille d’ange la voilà prévenue, il faut se méfier des apparences.
10 avril 1909 – Tu as commencé la harpe, c’est étonnant de voir à quel point tu es sage lorsque tu joues. Les débuts ont été un peu compliqué mais tu tiens à présent en place sur ton tabouret.
2 aout 1909 - Tu as fait montre de ta magie en voulant ennuyer tes cousins, le tapis du salon est irrattrapable mais nous sommes tous très fier de toi.
29 octobre 1910 – Déjà deux jours que vous êtes entrés à l’hôtel Dieu. La Dragoncelle qui vous touche semble très virulente. Tiens bon mon ange.
10 décembre 1910 – Tu as vu la mort de très près. Tu es la seule à être rentrée. Ta tante Marguerite est partie la première très affaiblie par les premiers jours de lutte contre cette maladie, elle nous a quitté le 10 novembre, rejointe deux jours plus tard par ta cousine Pauline et une semaine après c’est ton cousin Jean. Tu as survécu miraculeusement après des semaines d’incertitudes. Tu es encore trop faible pour le comprendre mais toute la famille est en deuil. Les médicomages nous ont dit que tu étais une petite fille très forte, ils n’imaginent pas à quel point.
19 avril 1911 – Tu es un vrai rayon de soleil pour tout le monde. Grâce à toi et à tes bêtises la famille reprend peu à peu des couleurs même si bien sûr nous n’oublierons jamais. Tu as ton petit caractère mais tu es souriante et toujours prête pour partir à l’aventure. Ton père t’emmène de plus en plus avec lui pour ton plus grand plaisir.
22 Aout 1912 – Comme ton père l’avait fait avant toi tu apprends tout de l’élevage, à commencer par prendre soin des créatures. Mais patauger dans la boue et courir après des petits semblent t’amuser au plus haut point. Tu montes Junius seule avec dextérité, votre complicité est belle à voir. Tu t’amuses beaucoup à m’effrayer en lui demandant de se retourner et de finir la tête en bas. Malgré quelques chutes tu remontes toujours avec le sourire.
21 décembre 1912 – Tu conduis tes premières calèches avec des clients réguliers sur de courtes distances, nous sommes très fiers de toi-même si tu as toujours autant de mal à te poser pour tes devoirs, surtout depuis que ton cousin est parti pour Beauxbatons. Tu as hâte de le rejoindre mais ça n’est pas mon cas, la forêt parait si vide lorsque vos rires n’y résonnent pas.
26 décembre 1912 – J’ai eu ce journal intime pour noël, je vais tenter d’écrire régulièrement dessus mais, je ne promets rien !!!
27 décembre 1912 – Arthur est revenu pour les vacances avec tant d’histoire qu’on ne peut plus vous séparer. Tu conduiras la calèche qui le reconduira à l’école.
5 janvier 1913 – J’ai oublié de te dire que j’avais conduit Arthur et son ami à Beauxbâtons ! C’était un moment magique même s’ils ont fait comme s’ils étaient effrayés de m’avoir comme conductrice, papa dit que j’ai parfaitement gérer la situation.
16 juin 1913 – Je t’ai oublié dans le fond de mon tiroir !! Mais je n’ai pas grand-chose à te dire en réalité, les journées sont beaucoup trop courtes et les abraxans ne se gardent pas tout seul !
31 aout 1913 – je crois qu’un bébé sombral m’a adopté, c’est la première fois que l’un d’eux s’attache autant à moi. Oui personne n’en parle jamais à la maison mais je les vois depuis que je suis sortie de l’hôtel dieu après ma Dragoncelle.
16 septembre 1914 – Je regrette que tu ne fasses pas ta rentrée cette année. Les non-sorciers sont entrés en guerre et nous sommes obligé de confinés les créatures plus encore que d’habitude. Ils usent d’armes à feu et je crains chaque jour que ton père ne soit blessé même s’il reste toujours à distance. J'ai tenté en vain de faire changer d'avis mon frère. Il s'engagera dès sa majorité atteinte, dans 15 jours.
1 er février 1915 – Je m’ennuie alors je t’écris. Les protections ont été renforcé sur une partie de la forêt pour que les non sorciers ne viennent pas mettre leurs nez et surtout leurs armes sur nos affaires ! Le pire c’est que nous avons interdiction de sortir en dehors d’un périmètre tout petit ! Heureusement qu’il y a Emilie, la harpe et que papa me ramène fréquemment de nouveaux livres mais j’ai tellement envie de sortir !!
14 juillet 1915 – J’ai reçu mes fleurs pour Beauxbâtons !!! Demain nous irons faire tous les achats nécessaires pour ma première rentrée !
30 Aout 1915 – Je t’ai offert aujourd’hui un collier contenant une des pétales de tes fleurs d’inscription. Je prie pour qu’elle te porte bonheur. Je sais que nous t’avons prévenu que ta nature de vélane ne serait pas acceptée de tous et nous t’avons enseigné à contrôler tes émotions mais je ne crains que tu ne sois pas tout à fait prête. Ton enthousiasme fait plaisir à voir même s’il me sert le cœur. Nous mangerons tous au restaurant en famille avant que vous n’embarquiez dans les péniches.
2 Septembre 1915 – Tu es à l’école et j’attends de tes nouvelles. Arthur nous a annoncé que tu avais été envoyé à Atropos et nous n’avons pas été surpris une seconde. Il a précisé que ta plume était tombée comme une pierre, aucune hésitation possible.
23 décembre 1915 – Désolée je t’avais oublié à la maison !
29 décembre 1915 – L’école semble te réussir, tu t’es fait des amis que je rencontrerai un jour je l’espère.
13 février 1916 – Je n’en ai pas parlé à maman mais l’école ça n’est pas si facile que ça. Tout le monde ici n’est pas aussi ouvert d’esprit que peuvent l’être les membres de la famille. J’essaie de garder mon calme mais ça n’est pas tous les jours évident. Je fais de mon mieux. Côté cours heureusement c’est moins compliqué. Je n’ai pas que des A partout mais je m’en sors plutôt bien. J’espère que mes parents seront fiers.
Bis : j’ai oublié de te parler de la bibliothèque, elle est magnifique !!!
12 juillet 1916 – Je suis heureuse de retrouver la maison et la foret, Beauxbatons est un endroit magnifique mais c’est ici que je peux souffler et que je me sens chez moi. Ici, je ne suis pas qu’une femme ou qu’une vélane…
26 décembre 1916 – J’ai bien vu les marques sur ton bras mais tu n’as pas abordé le sujet ni avec moi ni avec ton père. Heureusement Arthur nous rassure même si je sens bien que ta scolarité est aussi compliquée que je le prévoyais. Tu es une jeune femme forte et je ne doute pas une seule seconde de tes capacités d’adaptation.
13 mars 1917 – Je me suis inscrite au Club de chant, je sais je chante mal mais au moins j’ai assez à la salle de musique pour jouer de la harpe et je peux accompagner ceux qui, au contraire de moi ne chante pas uniquement sous la douche. J’hésite à m’inscrire au club de débat, j’en parlerai avec les parents aux prochaines vacances.
19 juillet 1917 – Nous avons passés une semaine dans le sud de la France chez tes grands parents, je crois que cela nous a fait à tous beaucoup de bien. Ton père n’avait pas quitté l’élevage depuis sa sortie de Beauxbâtons. J’ai l’impression que des amitiés sincères se sont noués entre toi et quelques camarades, ce qui rend ton année moins dure à supporter. J’espère avoir raison.
12 octobre 1917 – Martial, mon binôme en potion à fait exploser notre chaudron en plein cours, du grand spectacle récompensé par deux parchemins à remplir sur la leçon du jour. Depuis une bouillasse verte est toujours collé à quelques mèches de mes cheveux dois-je m’en inquiéter ? Je me suis inscrite au club de débat nous verrons bien ce que cela donnera. J'ai choisi Études des Non-sorciers, Divination et, bien sûr, Soins aux créatures magiques pour mes cours optionnels.
8 Juin 1918 - Aujourd’hui tes grands-parents, mes parents ont reçu un officier à la maison. Ton oncle ne reviendra pas, il fait parti des nombreux morts au combat sur le Chemin des Dames. Il était trop jeune et la guerre fait chez les non-sorciers beaucoup de veuves et d'orphelins. Nous irons cet été quelques jours pour fleurir sa tombe et réconforter mes parents.
21 Aout 1918 - Nous ne sommes restés que trois jours, il devient compliqué de ne pas attiré les regards sur toi, tu grandis et devient une vrai demoiselle mais tes grands parents ont été heureux de nous voir.
21 décembre 1918 – Arthur m’a embrassé. Il m’a EMBRASSÉ au bal de noël. Je l’ai giflé et l’ai évité depuis. Ce CRETIN m’a EMBRASSÉ !!!
3 janvier 1919 – Vous allez retourner à Beauxbâtons Arthur et toi et vous ne vous êtes pas adressé la parole des vacances. Que s’est-il passé ? Vous avez refusé tous les deux de nous en parler, j’espère que tout cela va s’arranger… Nous sommes tous très surpris, c’est la première fois qu’une altercation (est-ce ça ?) dure si longtemps entre vous.
12 février 1919 – Nous nous sommes expliqué avec Arthur. Je déteste avoir ce sang de vélane !! Nous grandissons et malgré notre proximité il a été comme envouté lors d’une danse. Mais il est comme mon frère et s’est excusé plus d’une fois. Il s’en veut et m’a juré que cela ne se reproduirai pas. Je le crois et je ne lui en veux pas… trop, il me faut un peu de temps encore mais je ne veux pas perdre un autre membre de ma famille. Je dois faire plus attention.
15 aout 1919 – Tes grands parents sont venus chez nous, c’est plus facile ainsi et ils le comprennent très bien. Tu n’es plus une enfant et ton corps change beaucoup ces derniers temps. Je tente de ne pas trop t’ennuyé avec cela mais je ne peux nier que cela m’inquiète pour l’avenir. Tu vas être regardé comme une femme et certains poseront des regards plus oppressants sur toi. J’aurai aimé t’épargné cela mais avec ton père nous avons fait le choix de ne rien te cacher même si nos discours sont parfois un peu dur.
3 octobre 1919 – C’est la première rentrée que je passe sans Arthur ça fait bizarre de ne pas l’ennuyé sur le chemin. Je suis un peu jalouse qu’il travaille déjà alors que je suis coincé à Beauxbâtons à inventer un parchemin ENTIER pour mon devoir de divination. Je ne suis plus certaine de mon choix concernant cette matière…
16 mars 1920 – Tu me parles dans tes lettres de ton impression d’être inférieur aux hommes en assistant au Club de débat. Tu es ma fille, la parfaite égale de n’importe quel homme. Tu possèdes une grande force de caractère et si parfois ta franchise peut être désarmante pour certain elle sera un de tes atouts dans la vie. Les sorciers sont souvent butés sur ce sujet et tu en demande peut être beaucoup mais ne renonce jamais. Les épreuves ont renforcé ton caractère et te rendent unique.
3 juillet 1920 – Je suis heureuse d’avoir retrouvé Arthur. Je crois qu’il est amoureux, ce qui m’amuse beaucoup je l’avoue. Je devrais la rencontrer aux prochaines vacances de noël !
21 novembre 1920 - le CARM le CARM, tout le monde n’a que ça à la bouche !!! Comme si des examens allaient m’empêcher de faire ce que j’aime ! Je sens que ces deux dernières années à Beauxbâtons vont être très longues.
24 décembre 1920 – Nous sommes tous rassemblés cette année pour fêter noël, jamais la maison n’a raisonné d’autant de rire. Tu as semblé étudié la fiancée d’Arthur toute la soirée ce qui a beaucoup amusé ton père, Arthur beaucoup moins en revanche. Ce sont des moments simples que je souhaite à jamais conserver dans nos mémoires. Des petits instants de bonheur volé au temps. Ne l’oublie jamais il n’y a rien de plus précieux que le sourire et l’amour des siens.
11 Aout 1921 – C’est vrai, j’aurai dû arrêter la divination avant même d’entré en sixième année, d’où un magnifique D sans doute très mérité mais que voulez-vous on ne peut pas tous « levé le voile du futur » ! En dehors de ça je m’en sors plutôt bien avec 4 A, 4B, 2C et 1 D, des résultats qui semblent ravir mes parents d’ailleurs pour me féliciter j’ai reçu une sacoche en cuir de dragon, tout simplement indestructible même avec mon manque de délicatesse.
18 novembre 1921 – Tu nous a demandé de rester à Beauxbâtons pour les vacances de noël afin de te concentrer sur tes révisions et pouvoir passer du temps avec tes amis pour cette dernière année. Je t’avoue que c’est un signe pour nous que tu prends peu à peu ton envol. Nous ne te voyons pas grandir et je sais que j’ai la grande chance que tu ais choisi de travailler en famille et pourtant tu nous manque déjà tellement.
15 janvier 1922 – Cette année je donne tout et dans tous les sens du terme ! Etudier, obtenir de meilleurs résultats mais aussi profiter au maximum de mes amis. On sait tous qu’une fois les portes de Beauxbâtons franchis dans l’autre sens il n’y a plus de retour en arrière possible. On aura tous notre vie, à l’extérieur… je suis un peu nostalgique mais c’est aussi une autre grande aventure !
9 juin 1922 – Ce sera la dernière fois que je t’écrirais dans ce journal qui t’a toujours été destiné. Tu vas avoir 18 ans demain et tu es ma plus grande fierté. J’espère avoir été pour toi un socle solide sur lequel tu pouvais te reposer en cas de doute et que cela continuera. Bien entendu il y a eu des hauts et des bas dans notre relation mère/fille mais quoi de plus naturel. J’aimerai un monde plus ouvert et plus accueillant pour toi mais j’espère que tu trouveras l’être aimé, celui qui, comme ton père fait partie intégrante de mon être. Une âme sœur sincère et fidèle qui sera te combler. Je te souhaite le meilleur pour ton avenir, je sais que l’élevage et l’entreprise te comble aujourd’hui. Tu es lumineuse, ma fille et ne perd jamais cela quel que soit les tempêtes que tu auras à affronter. Ta famille sera toujours te soutenir et t’aimer tel que tu es. Je t’aime.
16 Juillet 1922 – Je ne m’attendais pas à une telle réussite ! 5A, 4B et un seul C ! J’ai progressé dans presque toutes les matières mais plus encore mon père m’a confié les rênes de la calèche familial de cérémonie. C’est la calèche la plus compliquée à maitriser et elle est tirée par 6 abraxans, c’est te dire la maîtrise et la confiance en soi qu’il faut avoir. C’est un passage obligé au travail et j’en suis fière sans doute plus encore que de mes résultats scolaires.
10 juin 1924 – Je t’avais complétement oublié ! C’est en relisant le journal de ma mère que je me suis souvenu que j’en rédigeais un moi-même. Les dernières années passées ont été folles, le travail ne manque pas et je me suis beaucoup investi pour développer l’entreprise avec papa. Tant et si bien que pour mes 20 ans, la famille a décidé que ce serait moi la future gérante, moi Danielle Hubert, future patronne ! Ça sonne bien même si ça résonne un peu faux lorsqu’on voit la place de la femme dans notre société, mais c’est réellement un honneur et un plaisir d’avoir fait l’unanimité de ma famille. Même Arthur a voté pour moi. Il faut dire que Monsieur est très occupé avec sa femme !
29 Décembre 1924 - J’ai aidé une amie même si j’étais profondément contre cette décision, comment pourrait-il en être autrement ? Mais c’est le rôle d’une amie d’être présente dans tous les moments, même les plus difficiles et Adelaïde avait besoin de moi. Cette famille de non sorcier semblent très bien. Même si elle refuse d’en parler à présent je sais que je continuerai à passer parfois, juste pour être certaine de la façon dont elle grandit. J’ai d’autant plus d’amour et de reconnaissance envers ma mère qui aurait pu se facilité la vie en agissant comme Ade a pu le faire. C'est mon amie mais je ne peux m’empêcher de me demander si c'est comme ça qu'elle me verrait si elle savait? Celle qui a sali l'image des Delacour... Mais je n'en suis pas une, moi, de Delacour, pas vraiment.
Mai 1927 – Çà semblait simple au départ d’écrire sur ce carnet pour te raconter ma vie, mes pensées les plus intimes, il n’en est rien. Il y a des pages déchirées, des ratures, nombreuses, des trous par centaines, le carnet en lui-même est dans un drôle d’état. Je me dis qu’il ressemble un peu à ma vie, avec des moments dont on veut se souvenirs et d’autres moins.
Les jours ont passés puis les mois et bientôt presque deux ans que je ne t’ai rien raconté. Il me semble bien plus simple de lire les histoires des autres que d’écrire la mienne. Je ne t’ai jamais trop parlé de mon cœur, des histoire d’amour ou plutôt d’amourette que j’ai pu avoir à Beauxbâtons ou depuis que je travaille. J’ai toujours l’impression que les sentiments sont biaisés par le sang qui coule dans mes veines. J’ai des amis, de bons amis, je suis proche de ma famille, mon cousin et ma cousine mais côté cœur c’est plus compliqué. Alors je travaille, beaucoup sans compter les heures et la fatigue, sans trop réfléchir. Le travail et la famille deux piliers fondamentaux, j’essaie de m’en convaincre mais il manque quelque chose.
Septembre 1930 – Je n’écrirai plus sur les pages qu’il te reste. Je crois que tu feras simplement partie de mon passé. Non, je te conserve dans mes affaires mais je doute avoir de nouveau l’envie d’écrire régulièrement l’histoire de ma vie. Je préfère la vivre. La France semble vivre un tournant de son histoire et je n’ai pas envie de simplement regarder et écouter, je veux le vivre pleinement. Je crois que si j’étais un peu plus courageuse je te déposerai au café de la Gargouille, Antoine de Beauharnais a repris l’enseigne et la fait évoluer en bien, sa sœur est même devenue une cliente régulière. Qui sait ma vie pourrait peut-être intéresser un lecteur ? Je plaisante bien sûr. J’ai aimé te raconté ma petite vie et te remercie d’avoir été mon confident.