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Naître & grandir, l'aube se lève sur l'Hôtel Dieu, et un cri retenti, brisant la sérénité matinale des lieux. Un enfant y voit le jour, un nourrisson, fierté d'une famille, premier né d'une nouvelle lignée. L'enfant, c'est moi, fraîchement né par la première matinée de l'été, durant le jour le plus long de l'année. Une entrée dans la lumière, moi qui passerait le reste de ma vie à vivre dans les ténèbres d'un nom et d'un idéologie. La naissance d'un fils dans les familles comme la mienne est toujours la cause d'une joie immense, et d'un avenir qui s'éclairci doucement. Ma mère n'avait eu que très peu de soucis avec ma naissance, je ne serais pas celui qui lui ôterait la vie par la présence d'un égoïsme d'exister.  J'avais été l'unique enfant d'un couple qui avait laissé Maléfique se pencher sur mon berceau plutôt que les trois autres fées. Seul pendant presque huit ans, j'avais pu profiter de cette vie rêvée qui était la mienne. Seul mais appréciant la solitude, je jouais dans les couloirs qui à l'époque me semblaient infinis de cette Hôtel des Ventes qui appartenait aux miens. Parfois, mon compagnon de jeu portait le même nom que moi, Deveraux. Laurence, l'un de mes cousins de mon âge. Et parfois, j'errais seul, un livre pour m'instruire et ne sortait de ma cachette que lorsque père l'exigeait.  La joie fut mienne quand le ventre de ma mère commença à s'arrondir. On me promis un petit frère ou une petite sœur. Bien sûr, je pensais comme père, seule la première option était viable sur le long terme. Un autre héritier. J'aurais pu être jaloux, mais l'idée de partager un peu de ma vie avec un autre garçon me faisait plaisir. J'aurais tant à lui apprendre - songeais-je, naïf. Quand vint le jour de la naissance, rien ne se passa comme prévu. Absolument rien. L'hiver était rude, le mois de janvier allait être funeste. Réveillé par les cris émanent du salon, l'enfant que j'étais arpentais les couloirs tel un cambrioleur non sans une pointe de témérité. Le spectacle saisissant d'une rare violence. La naissance est violente, celle-ci le fut. On parlera d’éclampsie plus tard, des signes que les médicomages n'avaient pu voir. Mon cœur se fend en un millier de morceaux quand on m'apprend que mère ne reviendra jamais. Au même moment, on me présente un enfant, un petit garçon, un second héritier. Placé dans mes bras, je le regarde comme le meurtrier qu'il est pour moi. Si plus tôt j'avais voulu d'un frère, quelque chose en moi avait envie de le jeter dans les flammes de la cheminée crépitante. Je ne versa aucune larme ce jour là. Comme incapable de ressentir quoi que ce soit. Rien à part de la colère. Une colère dévorante qui fut un moteur pour moi. Le moteur de l'excellence. Je devais être plus que ce que mon frère ne pourrait jamais être. Plus intelligent, plus proche de notre père, plus futé, plus instruit, plus charismatique. C'est ainsi qu'à débuter la quête de pouvoir et de reconnaissance. Mon père ne perdit pas le nord, cette faculté à rebondir me fascine encore aujourd'hui. Une seconde épouse, comme s'il cherchait à perpétué sa lignée encore et encore, comme si Roland n'était pas assez non plus. Louise, je lui en fait voir de toutes les couleurs, comme pour la tester voir si elle était prête à être ma mère, ou celle de Roland. Dure avec moi, mais douce avec le plus petit, je n'ai jamais réellement porté cette femme dans mon cœur. Mais pourtant, l'enfant capricieux s'adouci quand elle donne naissance à une petite fille - pourtant inutile d'après mon père. Pimprenelle, un nom doux dans une famille où personne ne l'ai. Mais comme sa mère, elle héritait d'un sang royal qui au delà de son statu de fille lui conférait une importance exploitable à l'avenir. Si la vision de Roland m'avait causé beaucoup de colère, quand mon père me confia la petite dans les bras, avec un dédain incroyable. Pour la première fois de ma vie, je pensa par moi-même. Un coup de foudre pour ces grands yeux noisettes. J'allais l'aimer cette enfant, plus que mon père sans doute. Un point de désaccord que je m'efforcerai d’effacer jour après jour.  

Paraître & mûrir, Le rôle de l'aîné était fait pour moi. La proximité entre Roland et Pimprenelle élevé par la même mère de lait ne m'enthousiasmais pas au plus haut pointe. Une pointe de jalousie s’immisce en moi quand je vois ce que les lient au fil des années.  Tout ce qui comptait, c'était d'être haut dans l'estime de père. Avec Roland et ma soeur, c'était une chose si facile. Plus haut qu'eux était aisé, mais répondre aux attentes de notre père était une autre chose. Ma scolarité à Beauxbâtons fut brillante, à l'image de la personne que j'étais. A chacun de mes retours entre ces murs, je faisais en sorte de rétablir la balance entre les deux derniers. Roland était bien trop protecteur avec Pimprenelle dont les bêtises n'en finissaient pas. Je fis un point d'honneur à ce qu'elle paye pour ses erreurs, conscient que la punition physique de père serait douloureuse. Mais j'entretenais avec elle une relation de confiance de sorte à ce qu'elle me pardonne mon comportement. Devenant indispensable là où Roland ne pouvait l'aider. Trop centré sur le sport, et lui même. Pimprenelle était une Deveraux, elle aimait les livres anciens et la magie noire. C'était notre lien, la magie, les livres, une complicité qui grandissait à mesure qu'elle prenait de l'âge. C'était de l'amour fraternel, comme si j'avais repporté toutes mes attentes sur elle, Roland ne m'inspirant qu'une haine profonde. De l'amour, une faiblesse dirait père. Mais, c'était aussi mon moyen d'avoir de l'ascendance sur elle. Un jour, elle m'obéirait, je le savais. La froideur de nos interactions basées sur le savoir, j'avais appris à fasciné la jeune sorcière qui me servait de soeur apprenant du meilleur maître en la matière. Père ne vit jamais d'un bon oeil mon affection pour elle, mais fut plus fier de me voir être capable de la manipuler avec aise. Si j'avais réussi avec elle, je pourrais le faire avec n'importe qui. A commencer par l'Académie où mes rares amis partageaient avec moi une part de noirceur qui m'habitait. Je n'étais pas un papillon de jour, ni quelqu'un qui appréciait la lumière. La vie au sein de l'école m'appris à comprendre que je préférais tirer les ficelles dans l'ombre que d'être sur le devant de la scène. Si certains aspiraient à avoir l'attention, moi je n'en voulais pas. Les amis sont rares, mais je m'accommode du peu que j’ai.  J’ai plus de temps pour développer son savoir, mes connaissances. Même si la bibliothèque est impressionnante, la sagesse des ouvrages, et des thèmes abordés me déçoit. J’attendais mieux d’une école de sorcellerie. Sans doute aurais-je dû supplier mon père de m’envoyer à Illvermorny, là où nos ancêtres ont appris la magie obscure que nous pratiquons. Mais soit - j’apprendrais sur le tas. Je me leurre en désillusion sans m’en rendre compte. Ca ne serait jamais ma tasse de thé, les arts obscurs. Plus beau-parleur que expérimentateur, je tâtonne pour arriver à la cheville de père. Sur le plan magique, rapidement je passe malgré moi derrière une enfant. Plus elle grandit, plus elle devient douée. Son seul défaut à Pimprenelle, de n’être qu’une fille trop arrogante pour son propre bien. L’arrogance est une affaire d’homme, chez nous c’est assimilé à de l’ambition, chez une femme, c’est dramatiquement une affaire de mauvais goût. Les femmes, ce monde fascinant et qui attirent autant qu’il glace. Les corps se sont annoncé sur la liste des mes amantes, souvent sans  considération pour elles. Les galantes invitées d’une nuit, ne restent jamais. Pourtant à l’aube de mes trentes printemps, le choix se fait restreint. Il me faut une épouse, le nom d’un empire repose sur mes épaules. Deveraux cherche épouse - qui est prêt à nous sacrifier quelqu’un ? Ceux qui n’ont rien à perdre, De Morangiès, le nom était connu, l’héritage réel bien plus bancal qu’on y croirait. Le nom mélodieux de Cléophée, la douceur se lit dans son regard. Une fille à marier que je prends comme épouse, illustre inconnue qui partage ma vie. L’intimité est relative. Je quitte le nid avec elle, laissant derrière moi un monde sachant qu’un jour je reviendrais, seul héritier depuis le départ de Roland, un jour, l’empire sera mien. Mais, nous réussissons - puisque le nous est de rigueur quand vous avez femme à votre côté - à ériger ce que je considère comme la première pierre de mon empire personnel, un fils. L’héritage entrepris à la première naissance me rend fier. Louis de son nom délicat - est un être fragile. Oserais-je espérer qu’il soit fier de moi, de lui ? Si à ses côtés, j’ai appris à lire les esprits, le sien demeure impénétrable. Jamais, je ne m’y risquerais à l’affronter, le maître et père.